L’interview de février : Q. Herbreteau, ingénieur planning

HERBRETEAU Quentin« S’assurer de la bonne utilisation du logiciel, répondre aux attentes des utilisateurs et partager les bonnes pratiques sont les clés pour faire de TILOS l’outil de planification et de suivi d’un projet linéaire »

Prénom, Nom : Quentin Herbreteau
Age : 26
Métier : Ingénieur planning VINCI CONSTRUCTION TERRASSEMENT, en transversal chez COSEA, entreprise en charge de la conception-construction de la Ligne Grande Vitesse Sud Europe Atlantique.

Logo Projet LinéaireBonjour Quentin. Le 12 février dernier, vous interveniez au forum de Projet Linéaire  pour nous présenter vos travaux sur un des chantiers français majeurs, à savoir la construction de la Ligne Grande Vitesse Tours-Poitiers-Bordeaux (ndlr : voir article du 09/04/2012). Aujourd’hui, nous souhaiterions faire partager votre expertise au-delà des nombreux acteurs que vous avez pu rencontrer lors de cet évènement. Pourriez-vous nous présenter votre fonction et sa place dans l’organisation de ce grand projet ?

Bonjour Fabien. Tout d’abord je tiens à vous remercier de m’avoir invité à cette première conférence Projet Linéaire, pleinement réussie.
Au sein de Cosea, mon rôle est d’apporter un support à la planification des travaux pour l’ensemble des équipes détachées sur le terrain. Plus précisément, cela consiste à définir un cadre, des méthodes, former et apporter une aide aux différents utilisateurs de Tilos pour, in fine, s’assurer de la bonne intégration du logiciel et, par conséquence, la bonne intégration du processus planning. J’assure également le suivi des plannings, la remontée d’information pour les reportings et analyses ponctuelles sur certains sujets.

PL : Vous avez donc un poste pivot au sein de votre organisation projet. Quels sont les principaux chiffres de ce projet hors norme ?
QH : En quelques chiffres, SEA c’est ;

  • Plus de 300 km de ligne nouvelle entre Tours et Bordeaux
  • 40 km de raccordements au réseau ferré existant
  • Plus de 430 ouvrages d’art courant, 18 ouvrages non courants
  • Plus de 55 millions de m3 de déblais et 35 millions de m3 de remblais
  • 3 millions de tonnes de ballast
  • 800 000 m3 de béton

PL : A votre prise de fonction, quels ont été vos premiers constats en matière de planification ?
QH : Le processus de planification en œuvre lors de mon arrivée était géré de manière centrale. Une équipe restreinte était chargée de générer les plannings pour l’ensemble du projet. Le processus planning était très cadré et peu adapté à une utilisation métier. Au fur et à mesure de l’avancée du projet, cette planification ne pouvait plus se faire en central et devait se rapprocher du terrain. Il fallait alors revoir ce processus de planification pour qu’il soit plus opérationnel en vue d’être intégré aux différents lots de travaux qui forment notre projet.

PL : Qu’avez-vous décidé de mettre en place pour palier à ces manquements ?
QH : L’intégration de la planification, par l’intermédiaire du logiciel TILOS, passait par la création d’un modèle que l’ensemble des planificateurs pouvaient utiliser. Le paramétrage d’un fichier « cadre » offre deux avantages : assurer l’homogénéité des rendus sur l’ensemble du projet et concentrer l’utilisateur sur la partie purement planning.

PL : Comment vous y êtes-vous pris pour mettre en application votre approche… sur le plan technique, d’abord ?
QH : Le modèle finalisé, plusieurs jours de formation spécifique ont été donnés, permettant aux utilisateurs d’être rapidement opérationnels. J’assure également une assistance téléphonique pour garantir à tous les planificateurs des réponses rapides et faciliter leur apprentissage.
Même si un cadre a été développé, Tilos a l’avantage d’être un logiciel très « flexible ». A une problématique donnée, plusieurs solutions sont envisageables.

PL : Et sur les plans managérial et relationnel ?
QH : Il est important d’être à l’écoute, d’apporter des solutions, de réfléchir avec l’utilisateur. C’est à mon sens le meilleur moyen pour que les planificateurs s’approprient le logiciel et l’utilisent au mieux. Nous essayons également de réunir l’ensemble des utilisateurs TILOS lors de réunions. Ils peuvent ainsi échanger sur leurs idées, leurs astuces, leurs remarques également…

PL : Quels ont été selon vous les freins majeurs à la bonne exécution de votre plan et quels sont les points à améliorer ?
QH : Pour des projets de cette ampleur, il est nécessaire d’anticiper les problématiques. Quelques mois de plus à la conception des méthodes et des modèles n’auraient pas été de trop pour avoir un ensemble plus abouti. Et aujourd’hui, le moindre changement est assez long à mettre en place. Bien sûr, il reste des points à améliorer mais l’expérience engrangée sur ce chantier permettra à l’avenir d’améliorer les choses. L’arrivée prochaine de Tilos V8 ouvre également de nouvelles possibilités qu’il va falloir exploiter.

PL : Et de quelle manière est utilisé TILOS aujourd’hui ?
utilisation-de-tilos-sur-coseaQH : L’intégration de Tilos est aujourd’hui effective dans tous nos lots, avec pour certain une utilisation poussée du logiciel, au-delà de ce qui était demandé. En effet, les données issues de TILOS permettent de réaliser de nombreuses actions : suivre les courbes de production, suivre les échelons de terrassement, réaliser les plannings GANTT…

PL : Quelles seraient vos recommandations pour tous ceux qui souhaiteraient entreprendre quelque chose de similaire, à savoir la mise en œuvre d’une méthodologie commune de planification chemin de fer?
QH : Anticiper, former et accompagner. Anticiper la préparation de la méthodologie, impliquer les personnes, proposer des solutions innovantes. Former les utilisateurs sur des exemples concrets, en rapport avec la méthodologie. Accompagner les utilisateurs en leur proposant un support à leur écoute.

PL : Quentin, merci infiniment pour votre participation et cette grande qualité qui vous honore, le partage.