De façon générale on pourrait dire que la planification permet de déterminer et d’ordonnancer les activités d’un projet. Ainsi, le chef de projet va pouvoir estimer les charges et les durées de chacune des tâches et déterminer les profils nécessaires à leurs réalisations. Par ce biais sera donc évaluée la faisabilité du planning.

Après maintenant plus de dix années d’expériences en Management de projet, je reste effaré de la place qu’est donnée au planning, quelque soit la partie prenante.

Il est d’ailleurs coutume d’entendre :

« Bon, ça y est, j’ai fait l’échéancier financier, le dossier technique est prêt, bon je peux me mettre sur le planning. »

Mais comment pouvons-nous nous priver à ce point du planning ?

Certes le planning n’est pas le cœur de métier de celui qui le conçoit (tout du moins rarement en France puisque le métier de « planner » n’est pas des plus fréquents), mais il doit être néanmoins le reflet de ce qu’une expertise pointue est capable de prévoir. C’est un outil support, un outil d’aide à la décision, indispensable pour garantir une qualité totale dans l’exécution des travaux.

J’ai en tête quelques illustrations valorisant très nettement la place du planning et notamment celle du planning dit « chemin de fer » ou linéaire, fruit de la LSM (Linear Scheduling Method) :

–> Le planning pour intégrer les contraintes environnementales : Les projets linéaires sont par essence soumis à de fortes contraintes environnementales : les emprises foncières, les déplacements d’espèces animales, la flore, les zones de chalandise, etc. Il est donc entendu que ces différentes contraintes auront des impacts temporels mais aussi spatiaux. Seul le planning linéaire peut les mettre en exergue.


–> Le planning pour optimiser son plan de charge et identifier les fronts de travaux :
Par la représentation spatio-temporelle, il devient facile de créer différents fronts de travaux en multipliant les équipes sur le terrain. Il est alors facile de lire son plan de charge, dans le temps mais également dans l’espace.

–> Le planning pour ajuster son échéancier financier : Plus de 90% des entreprises de construction utilisent des outils spécifiques pour faire leurs échéanciers financiers (progiciel, macro excel, etc.). L’intérêt d’un planning chemin de fer va résider dans sa capacité à constituer des modèles de calcul réalistes pour l’affectation des coûts et des ressources. Ajoutons à cela la garantie d’avoir une répartition fidèle de nos ressources et de nos coûts dans le temps et dans l’espace, le planning devient donc un excellent outil de contrôle de nos prix.

–> Le planning pour le montage d’une « réclamation » pour obtenir auprès du client une extension de délai : Le principe général va être d’identifier et d’isoler les éléments perturbateurs au projet. Ces éléments vont d’abord être analysés pour qu’ils puissent servir le demandeur, c’est d’ailleurs souvent des débats d’expert (géologues, génie civilistes, … et administrateurs de contrats, les experts en sémantique). Ensuite, ils vont être reportés sur le plannings pour mettre en évidence les impacts délais, critiques ou non. Le planning devient donc un outil communicationnel d’appui à une expertise. Voir l’étude de cas.

–> Le planning pour défendre des dates clefs de début de travaux auprès de la direction de projet : Dans un projet, il y a les dates imposées par la direction de projet et puis, il y a les dates souhaitées par les opérationnels, qui de leur point de vue, souhaiteraient parfois commencer les travaux plus tôt ou plus tard. L’avantage du planning chemin de fer va résider dans sa capacité à comparer différents scenarii et ainsi appuyer les requêtes des opérationnels.


En conclusion, je dirais que l’approche spatio-temporelle est un élément valorisant de l’expertise, il rassure bien avant de contraindre. Il fait partie du panel des indispensables du chef de projet. Au-delà de l’aspect différenciateur, c’est le sérieux et le professionnalisme qu’inspire le planning linéaire.